Le temps n'était pas très clément ces derniers jours. Malgré le vent qui soufflait allégrement, emmêlant cheveux, crinières et vêtements et déplaçant les devoirs qui s'éparpillaient aux quatre coins du château et du parc, les élèves continuaient à se promener dans le parc et à s'y changer les idées.
L'effet du vent était radical, et le seul remède, pour y voir quelque chose avait été simple. Ellyn avait passé pas moins de vingt minutes, les doigts dans ses longs cheveux bruns. C'était la première fois qu'elle s'attachait réellement les cheveux, si l'on excluait les queues de cheval hautes au-dessus de son chaudron de potion. Elle avait donc réussi, très laborieusement, à fixer ses longues mèches en une tresse africaine, plaquée sur tout l'arrière de son crâne. Et le résultat s'avéra magnifique. Pas la moindre petite mèche, pas le moindre insignifiant cheveu ne se souleva sous l'effet de la bourrasque qui l'ébranla à sa sortie du château.
Aussitôt rejointe par Saphira, Ellyn se mit à marcher lentement, les mains dans le dos, le regard perdu.
La dragonne passait son temps dehors, en cette période venteuse. Elle profitait des nombreux courants aériens pour parfaire son art du vol, et pour s'adonner à quelques figures au-dessus de Belegost. Elle avait bien faillit, une ou deux fois, s'écraser lourdement contre une des tours, mais un réflexe animal de sa queue - comprendre, son gouvernail- lui avait sauvé la mise.
La préfète de Serpentard laissait ses pensées s'égarer un moment en admirant la créature de trois mètres d'envergure faire preuve d'une grâce immense devant ses yeux, lorsque ça arriva.
Son pied buta contre une petite branche. Mais, contrairement à ce qui arrivait logiquement dans ce cas là, la branche ne fut point éjectée plus loin; elle s'emmêla dans des herbes, et bloqua le pied gauche d'Ellyn, qui, donc, chuta. Elle chuta, oui, mais comme une elfe: perte d'équilibre, tentative de rétablissement, puis roulade avant sans poser la tête au sol, et redressement sur deux pieds. Elle jeta un coup d'oeil à la branche assassine, et un juron s'étrangla dans sa gorge.
"...!"
Sa bouche resta ouverte un instant, avant qu'un souffle de vent ne vienne lui chatouiller la langue et qu'elle la referme. Fronçant les sourcils, elle s'accroupit près de la branche.
Cela n'avait rien d'une branche d'un quelconque arbre ou arbuste. L'objet en question se rapprochait plutôt de la baguette magique, à un détail près que le bois sombre était nervuré de blanc et qu'il était torsadé. Ellyn hésita un instant, puis fouilla dans la poche de sa robe - une poche petite, mais qui avait subi un parfait sort qui permettait à Ellyn d'y entrer dans objets très nombreux, très volumineux, et cela sans que le poids ou la forme ne puissent être perçus de l'extérieur, ou même de celui qui portait cette poche - [HS: Et je ne me souviens pas du nom de ce sort...]. Elle en sortit une paire de gants noir, désignés pour les cours de botanique ou de potion, en cuir souple mais résistant. Elle en enfila un, et remit le second dans sa poche enchantée. Particularité elfique, le cuir s'adapta à la forme de sa main, du galbé de sa paume aux contours de ses obgles, comme une seconde peau. La jeune fille hésita à nouveau, puis saisit l'objet entre deux doigts. Ensuite, elle le fit tournoyer pour l'examiner. Elle se releva enfin, et sursauta en se cognant contre quelqu'un qui, apparemment, avait tenté de regarder par-dessus son épaule.
[HS: A qui qui veulent!]